Egypt, Jordanie & Israël - Juillet 1993
Texte & Photos © Gregory Darmon
Dessins © Anne-Marie Oyex
Sur les pas de Moïse à travers l'Egypte, la Jordanie et Israël du 5 au 23 Juillet 1993. Carte du parcours.
Lundi 5

Départ de Genève en groupe (20 personnes) dont René, Yamilé, Monique et Madeleine ainsi qu'Oliver notre guide pour tout le voyage (de nationalité British mais vivant à Jérusalem depuis de nombreuses années et parlant anglais,  français, hébreux et arabe). Vol Swissair Genève - Le Caire. L'atmosphère à bord de l'avion est bon enfant. Après avoir survolé les Alpes, les côtes italiennes et la Crête, nous abordons l'Egypte et son delta du Nil. Contrastant avec le relief helvétique, le pays vu d'en haut est plat et a priori la terre est abondamment cultivée dans cette région.

Survol du Caire: la ville est énorme! (avec 16 millions d'habitants, la plus grande d'Afrique, rien d'étonnant mais tout de même impressionnant). La ville est aussi la limite entre les bords verdoyants du Nil et le désert aride. La température dans l'avion commence à monter au fur et à mesure que nous descendons.

Le débarquement et les formalités sont faites en un tour de main grâce à la compétence de nos guides égyptiens qui nous accueillent. Un bus nous prend en charge et nous mène à l'hôtel. La circulation est fluide dans cet énorme réseau routier où les ponts se superposent comme dans un écheveau. La conduite se fait au klaxon. Les feux de signalisation (qui fonctionnent) ne sont pas forcément respectés sauf aux endroits où un agent de police est présent. Certains boulevards ont un terre-plein central de plusieurs mètres de large, partiellement recouverte d'herbe, avec des arbres espacés régulièrement où les gens n'hésitent pas à venir faire la sieste à l'ombre d'un feuillu.

Arrivés à l'hôtel, les chambres sont distribuées, le souper consommé. Oliver nous donne ensuite un briefing sur le déroulement des prochains jours.
René et moi, après avoir pris quelques renseignements à la réception, sortons faire le tour du quartier. L'animation y est beaucoup plus intense qu'en milieu de journée et la circulation très dense. Les trottoirs, quand il y en a, ne sont pas forcément à l'usage du piéton et les passages pour piétons sont inexistants. La traversée des rues se fait au pas de course façon "torero" pour éviter les voitures qui ne roulent qu'avec leurs veilleuses allumées, flashant de temps à autre leurs phares pour marquer leur présence. 

Les constructions varient du tout au tout, alternant entre le building moderne, l'hôtel de luxe, le minaret, le HLM et quelques ruines indéfinissables. Les magasins sont encore ouverts (il est passé 22 heures) et des traces (le mot est léger!) d'américanisation sont visibles, telles que le "Wimpy" ou le "Dunkun Doughnuts". Le style architectural de chaque bâtiment est unique donnant un ensemble hétéroclite.

Nous descendons un boulevard, direction le Nil. A nouveau, le terre-plein centrale fait une dizaine de mètres de largeur et beaucoup de personnes profitent de son gazon clairsemé. Un giratoire plus loin, le terre-plein est occupée par un parc de jeux (entrée payante). René me fait remarquer le contraste entre un enfant sautant dans un bac de boules caoutchouc et un autre à l'extérieur du parc grillagé (mais à un mètre du premier) collé contre la grille, habillé de guenilles, regardant avec une envie extrême les autres gamins dans le parc.
Nous continuons notre promenade et nous arrêtons à l'hôtel Sheherazade pour boire un verre. Nous sommes les seuls touristes. Parmi les autres clients attablés, certains fument le narguilé. Un cireur de chaussures offre ses services en titubant.

Nous retournons vers l'hôtel en prenant une rue que notre (infaillible :-) sens de l'orientation nous indique. La rue, d'abord large et bien éclairée, se rétrécit et s'assombrit pour finalement retrouver un peu de sa largeur initiale. Tout au long de nos deux heures de promenade, nous n'avons croisé qu'un seul groupe d'occidentaux! La rue que nous suivons débouche finalement sur un boulevard familier, mais juste auparavant, nous passons un groupe d'une centaine de personnes... pas moyen de déterminer s'il s'agit d'une manifestation culturelle, politique ou autre...!

Bientôt minuit, les rues sont encore très animées. Nous achetons quelques donuts avant d'aller se coucher.
 

Mardi 6

Programme chargé pour la journée:  le bus partant pour le musée du Caire à 8h30, nous sommes debouts (ou plutôt réveillés) à 7h00.

Nous sommes parmi les premiers touristes à entrer au musée. Notre guide, Youssef, égyptologue nous mènes à travers les richesses fabuleuses du musée qui ne peut présenter qu'une partie des milliers de pièces retrouvées à travers le pays. Les pharaons, les dynasties, les années, les siècles et millénaires ainsi qu'une richesse culturelle impressionnante défilent sous mes yeux, et ceci ne représente que la pointe de l'iceberg! 
Après trois heures d'une visite inénarrable, nous sommes conduits dans un resto typique où nous goûtons quelques spécialités égyptiennes dont un succulent poisson grillé. L'après-midi est dédiée à la visite des trois célèbres pyramides et du Sphinx. Bien que les images des pyramides soient classiques, la rencontre in corporae est tout de même impressionnante surtout en face des millénaires d'histoire que cela représente. La pyramide de Khéphren peut être visitée: un couloir de section carrée (1 mètre sur 1) descend à 15 degrés sur une cinquantaine de mètres. La pente disparaît et le couloir devient plus large, je peux enfin me redresser! Plus loin, le couloir redevient carré et petit pour grimper jusqu'à la chambre funéraire où à nouveau je peux me tenir droit. L'atmosphère y est humide et chaude. La chambre est bien évidement vide (de trésors) et pleine (de touristes). Après être sorti, je rejoins le bus sans avoir pu échapper à l'insistance des marchands de gadgets touristiques. 

Après la visite du Sphinx, nous entamons la partie "visite business".  D'abord un magasin de de papyrus avec quelques explications sur les techniques de fabrication (et une invitation à acheter quelques exemplaires) suivi d'une échoppe de parfums pour finir avec un entrepôt d'articles de cuir. L'accueil est toujours aimable avec quelques boissons offertes, suivi de quelques explications et enfin l'affichage des prix.

Après un arrêt à l'Oberoi hôtel (THE hôtel de luxe) pour prendre quelques rafraîchissements, nous allons voir le spectacle son & lumière avec le Sphinx dans le premier rôle et les pyramides dans les seconds. La mise en lumières, la musique ainsi que les textes récités nous emmènent faire un voyage dans les premiers millénaires du règne pharaonique.

Retour à l'hôtel, repas (pas trop occidentalisé) puis dodo.
 


 
 
 
Mercredi 7

Visite de la pyramide à degrés de Saqqarah. Sur la route, Memphis, l'ancienne capitale du royaume égyptien. Il n'en reste rien si ce n'est quelques pierres dont le magnifique colosse de Ramsès II (2 exemplaires existent, le premier est couché à Memphis et le second est debout sur la place de la gare au Caire) et un sphinx d'albâtre.

La statue de Ramsès II a les jambes brisées et repose à l'abri du soleil dans un bâtiment conçu à cette effet. La visite continue par un mastaba (tombeau funéraire) à Saqqarah ainsi que de la pyramide à degrés. Devant la pyramide se dressent les vestiges d'un temple et d'un stade où le pharaon, tous les vingt-cinq ans, devait attraper et maîtriser un taureau afin de prouver qu'il était encore assez fort pour gouverner le pays.

Le car repart pour nous déposer devant Khan el-Khalili, le grand bazar, pour un repas typique. Le bazar fourmille d'activités et nous traversons un quartier sans nous perdre! La "visite" du bazar se fera plus tard.

L'après-midi nous visitons la citadelle du Caire et sa fameuse mosquée. La caractéristique frappante est l'absence de tout art iconique. Il n'y a que des dessins à motifs symétriques. Le car nous emmène ensuite vers le quartier Copte ("Copte" au sens ethnique et non religieux du terme: descendant de la race des Pharaons). Sur le chemin, nous longeons un cimetière musulman où chaque famille importante possède un monument funéraire. De plus, le cimetière est habité par environ 1 million d'êtres vivants!
Le quartier Copte est vétuste et on y accède par un chemin semi-souterrain à pied. A l'entrée, quelques membres de la police nationale montent la garde. Nous visitons une église et une synagogue à l'architecture très similaire datant du quatrième siècle. Les différences sont surtout au niveau de la décoration. L'église a été dédiée à St. Marc qui évangélisa l'Egypte. 

Quels que soient les quartiers traversés, les gens sont ouverts, avec un contact facile, seule la langue met des barrières, et encore...

Le car nous ramène à l'hôtel où Madeleine, Yamilé, Monique, René et moi ressortons quasiment immédiatement pour aller faire un tour en felouque sur le Nil. Le capitaine de la barque à voile nous fait faire pendant une heure un grand triangle sur le Nil par un léger vent agréable alors que le soleil se couche, un moment de calme dans un Caire hyper animé. Retour à l'hôtel pour déposer Madeleine et Monique, puis le taxi nous pose au bazar. Yamilé achète quelques épices et du mascara, et René des babouches ainsi que deux djellabas (dont une pour moi). Le marchandage est une façon de communiquer avec les gens et nous n'avons pas trop d'expérience dans cette forme d'échange, mais on s'en tire honorablement.

Un peu plus tard, nous nous retrouvons au café Fishaui, presque les seules touristes parmi cette foule. L'animation y est dense et la faune locale hétéroclite. Certains fument la chicha (sorte de narguilé, une pipe à eau). Une vielle femme, enrubannée, les yeux surchargés de mascara nous fait un effet bizarre, les jeunes filles nous dévisagent, les marchands ambulant passent et repassent. Les clients défilent.
 


 
 
 
Jeudi 8

Départ de bon matin. Nous longeons la rive est du Nil et quittons le Caire. Les habitations deviennent vite des taudis, allant du tas de décombres aux HLM délabrés . Deux heures de car plus loin, d'un côté il y a le Nil verdoyant, de l'autre le désert aride à perte de vue. Premier arrêt pour se désaltérer et se dégourdir, suivi peu de temps après d'un second arrêt afin de visiter un village Copte avec la première église que St Antoine fonda au quatrième siècle avant de partir dans le désert et d'établir plusieurs années plus tard le monastère St. Antoine. 

Nous repartons pour le susdit monastère et nous éloignons du Nil pour nous enfoncer dans le désert plat et immense. Quelque temps plus tard nous arrivons à St. Antoine, édifices fortifiés au pied d'un massif montagneux mais toujours désertique. Au loin on peut distinguer quelques reflets du golf de Suez. 

Après un gargantuesque pique-nique pris dans les locaux du monastère, un Père Copte nous fait visiter les lieux: 
- L'église originale du quatrième siècle dont les plafonds sont noirs car des bédouins l'avaient utilisée comme cuisine au cinquième siècle lorsque le monastère avait été temporairement abandonné.
- La forteresse, édifice qui pouvait contenir une cinquantaine de personnes pendant plusieurs décennies s'il le fallait. Elle était alimentée en eau et avait un passage souterrain pour sortir.
- La meule à blé et à mais.
- La source d'eau (100 m3 par jour) constante l'année durant, depuis des siècles.
- Et enfin la palmerai et l'oliveraie qui subviennent à leurs besoins en plus des cultures que le monastère possède au bord du Nil.

Nous nous installons dans nos chambres, filles et garçons séparés, chambres communes de quatre lits spartiates. Après avoir assisté partiellement aux Vêpres, certains courageux montent à la grotte que St. Antoine avait occupée a ses débuts, avant l'établissement du monastère.

La montée fait environ cent mètres de dénivelation plus ou moins raide, avec par endroit des escaliers en bois, instables. Le soleil nous couvre de sa chape de plomb et un vent chaud nous désèche, l'ascension est pénible, les gourdes sont utilisées fréquemment. Finalement la grotte, au pied de la partie "falaise" de la montagne; l'ouverture est étroite, une crevasse verticale sur deux mètres de haut et d'une largeur d'épaule à l'endroit le plus large. Cette fissure fait une dizaine de mètres de long et débouche au fond sur une caverne de  cinq mètres sur trois à l'endroit le plus large.

Il a fallu à St Antoine une sacrée dose de courage et de détermination pour venir s'isoler ici et devoir à intervalles réguliers, descendre au pied de la montagne pour s'approvisionner en eau.

Nous redescendons juste à temps pour le repas du soir préparé par les aides moines: du pain sans levain et une soupe aux pâtes suivis de quelques fruits, justement ce qu'il fallait pour caler l'estomac.
Couvre feu à 22h30 car la génératrice s'arrête. Dans les chambres, l'air est chaud et aucune brise ne souffle. La nuit passe péniblement, chaude et moite à cause de notre propre transpiration.
 


 
 
 
Vendredi 9

Départ du monastère de St. Antoine pour la côte est du golf de Suez, c'est-à-dire la péninsule du Sinaï. Nous rejoignons d'abord la côte ouest que nous remontons jusqu'à Suez où nous dînons. Nous traversons ensuite le canal sur un bac, escortés par l'armée, pour toucher le continent asiatique et quitter l'africain. Le paysage est toujours aussi désertique depuis le Nil.
Nous nous arrêtons pour flâner autour des vestiges militaires (la ligne Barlif) du conflit Israël - Egypte de 67 - 73. Désolation totale dans ce désert chaud au bord du golf de Suez où souffle un vent qui dessèche tout. 

Nous poursuivons jusqu'à une ville pétrolifère, Ras-el-Sudr et descendons dans un des rares hôtels de cette côte. L'endroit est bondé de touristes égyptiens qui viennent par car entier depuis Le Caire dans cette station balnéaire pour profiter de la mer. Le soir ils repartent tous et nous restons quasiment les seuls. 

Nous profitons de l'après-midi pour nous baigner et nous détendre. Bien que j'aie pris un masque, il n'y a rien à voir, car le fond de la mer est aussi désertique que les terrains nous entourant. Cette bande de touristes blanc-lait attire les regards et les contacts. Après l'habituel repas copieux, je commence à rédiger une nouvelle page de ces notes, mais je suis bientôt interrompu par une coupure de courant.
 


 
 
 
Samedi 10

Départ à 7h00 de Ras-el-Sudr en car vers le sud, escorté de deux véhicules tout terrain de l'agence Benu Travel. Cent kilomètres plus loin, nous changeons de véhicules et grimpons tous (nous sommes vingt-six, y compris les chauffeurs) dans les deux Land-Cruiser. Un bédouin, Ramadan, nous a rejoints pour nous guider. 

Nous quittons le bord de mer pour nous enfoncer dans le désert du Sinaï. La piste est partiellement goudronnée, partiellement recouverte de sable et partiellement inexistante dû aux inondations éclair qui peuvent se produire ici. Après plus d'une heure et demie de voyage tapecul dans une chaleur qui monte petit  à petit, et quelques arrêts pour se dégourdir , nous abandonnons les Land-Cruiser pour continuer à pied. Depuis le moment où nous avons quitté le bord de mer, le paysage s'est passablement modifié. Montagneux donc vallonné, désertiquement verdoyant avec de nombreux buissons et quelques arbres (acacias) éparpillés de ci-de-là, le terrain vire du blanc calcaire au rouge brique en passant par des bruns sable avec quelques traces de roches noires et un peu d'ocre. Le paysage accuse les traces d'un ancien (mais alors très ancien!) fond marin. Nous avons embarqué, au passage d'un village, un second bédouin. 

La marche se fait d'abord  au fond d'une vallée, mais rapidement nous commençons à grimper les parois en terrasse de ce fond marin. Chaque fois que l'on prend un peu d'altitude, les paysages arides qui se dévoilent à mes yeux sont de plus en plus grandioses avec au milieu de ce désert des centaines de couleurs.

La région n'est pas dépeuplée, au contraire, tout au long du parcours en tout terrain, nous avons rencontré des bédouins, des enfants, des chèvres, des moutons, des habitations et quelques dromadaires.

Après environ une heure de marche, nous arrivons aux ruines d'un temple égyptien dédié à un dieu à tête de femme et cornes de vache. Toute la région était célèbre pour ses turquoises et a été longuement exploitée. Youssef  nous accompagne encore ici (il en profite pour faire quelques photos et vidéos promotionnelles, c'est la première sortie des Land-Cruiser) et nous donne des explications détaillées sur ce site. Certains regagnent les véhicules et les autres se déplacent (encore une demi-heure de marche) pour rejoindre une grotte artificielle (une ancienne mine) où nous pouvons admirer un graffiti en écriture proto-sinaïtique, un des ancêtres de l'alphabet hébreu, arabe, grec et latin.

Nous redescendons à l'opposé de notre ascension, le paysage est toujours indescriptiblement beau, les cailloux sous mes pas font un bruit de brique en terre cuite. Les tout terrain ont contourné le massif et nous prennent en charge pour nous amener au village de notre guide. Un pique-nique nous y attend, complété par des pains sans levain offerts par Ramadan. Je leur achète quelques bricoles et  nous devons déjà repartir: il est passé 15h00 et nous devons rentrer à Ras-el-Sudr. 

Sur le chemin du retour (après avoir débarqué des Land-Cruiser et rembarqué dans le car), nous nous arrêtons aux bains des pharaons, une source d'eau chaude faite d'une langue d'eau sulfureuse à plus de quarante degrés. Celle-ci se trouve sur un bout de plage qui borde le golf de Suez, ce qui me permet de faire un "jacuzzi" chaud et froid.

Retour à l'hôtel, douche, lessive, repas, quelques coupures d'éléctricité puis dodo. 
 


 
 
 
Dimanche 11

Journée transit, repos. Nous nous déplaçons de Ras-el-Sudr à Ste-Catherine au pied du mont Sinaï. Nous profitons pour faire quelques arrêts-citations afin d'évoquer quelques passages de l'exode. Un de ces arrêts est au petit monastère de Wadi-el-Feiran, vallée qui mène à Ste Catherine. Une Soeur nous reçoit et nous fait visiter cette oasis. Oliver qui avait acheté des provisions (farine et riz) en fait don.

Arrivés aux bungalows de Ste-Catherine, Jean nous a préparé un service de communion auquel  tout le monde assiste. Après le souper, notre chauffeur, Magdi, va faire des courses au village et René, Yamilé, Pia, Amr et moi l'accompagnons à la découverte du petit souk.
 


 
 
 
Lundi 12

Journée calme. Nous prenons le car, direction Nuweiba, sur septante kilomètres et nous arrêtons pour une promenade de quelques heures dans le désert. Paysages sublimes, montagneux. Nous nous dirigeons vers un col duquel j'aperçois une oasis dans le lointain. Après ce moment de détente désertique, nous retournons au village de SteCatherine pour dîner. Nous repartons dans le désert et sommes accueillis par une famille bédouine. La chef de famille nous reçoit en nous préparant du pain sans levain et du thé.

Retour à Ste Catherine pour un coucher tôt, car demain nous gravirons le mont  Moïse à partir de deux heures le matin. Mais auparavant, une dernière promenade dans la vallée à l'opposé du monastère pour apprécier une fois encore ces montagnes du Sinaï.
 


 
 
 
Mardi 13

Diane debout à 2h00. Départ du monastère à pied pour le mont Sinaï. La Lune décroissante éclaire suffisamment pour discerner les cailloux sur le sentier. Nous ne sommes pas les seuls...d'autres groupes partent en même temps pour profiter de la température favorable.

Le paysage éclairé par la lune est féerique. Des bédouins proposent le services de leurs chameaux pour ceux qui préfèrent ne pas user leurs pieds.

La progression se fait dans le calme. Le sentier en pente plus ou moins douce se termine au pied d'un pan de roche vertical. Un escalier de pierre mène jusqu'au sommet. Nous l'empruntons et nous arrêtons sur une terrasse à quelques mètres du sommet et attendons que Sa Majesté le Soleil fasse son lever.

A l'est, le ciel change doucement de couleur, passant d'un bleu nuit au bleu ciel en passant par toute une série de teinte pourpre, rouge orange et jaune. Le panorama environnant reflétant le lever est grandiose. Une fois le soleil levé, je monte jusqu'au sommet du Sinaï et découvre le mont Ste Catherine. 

Finalement nous devons redescendre car la journée est encore longue. Douche, déjeuner, visite au pas de course du monastère et départ pour Nuweiba que nous atteignons quelques heures plus tard où nous commençons les formalités douanières assistés efficacement de Magdi et Amr. Le bateau a du retard et nous devons attendre qu'il finisse de décharger. Nous embarquons finalement sans pour autant que le bateau ne parte.

Trois heures plus tard, nous partons enfin pour Aqaba où nous avons la chance, le ferry etant bondé, de débarquer les premiers en temps que touristes occidentals de première. Le passage des douanes est rapide bien que folklorique. Arrivés à l'hôtel, il est près de minuit.
 


 
 
 
Mercredi 14

Grasse Matinée: l'hôtel donne sur la mer Rouge. Equipé d'un masque et d'un tuba, je passe la matinée dans l'eau et le soleil à admirer quelques poissons, rien d'extraordinaire. Un peu plus tard vers midi, nous faisons tous un tour en barque à fond en verre pour admirer quelques spécimens aquatiques. 

Nous partons finalement en milieu d'après-midi pour Wadi Rum, le pays de Lawrence d'Arabie. Transfert du car dans trois Jeeps (dont  deux modèles pick-up) pour un tour du wadi. Notre chauffeur ne semble pas plus âgé que treize ans bien qu'il affirme en avoir seize, mais il se débrouille comme un chef. 

Le paysage est superbe: une étendue de sable multicolore variant du jaune au rouge en passant par le brun, parsemés de buissons. Les collines et montagnes sont réparties d'une façon curieuse et certaines forment des canyons ou défilés (appelés shik). Nous en empruntons un. Ce type de désert est différent que celui du Sinaï, d'une façon que je ne saurais décrire.

Après le tour, nous sommes accueillis sous une tente bédouine "commerciale": les repas étant amenés dans des containers et servis sur assiettes plastiques. Il ne manque plus que les enseignes lumineuses de publicité!

Nous repartons en car pour Petra où nous arrivons vers 22h00 au Petra Forum Hotel, le seul cinq étoiles que nous utiliserons.
 


 
 
 
Jeudi 15

Petra. A cheval, mais tenus et guidés par un bédouin, nous descendons dans le shik qui mène de l'hôtel  au coeur de la ville historique. Rapidement un avant-goût de ce que nous allons trouver plus loin apparaît: des monuments taillés à même la roche. Tout le long de la paroi du défilé un canal est creusé permettant une amenée d'eau. La paroi rocheuse est de toutes les couleurs: brun, rouge, blanc, noir, ocre, etc..

La balade à cheval n'est pas très longue. Le défilé se ressert puis s'écarte pour laisser apparaître détail par détail un temple gigantesque (probablement dédié à Isis) taillé dans la masse avec des colonnes majestueuses et une amphore géante posée à son sommet. Le tout fait plusieurs dizaines de mètres de haut.

Toute la journée nous nous baladons dans Petra, découvrant monument sur monument, tombeaux, systèmes de récolte d'eau, citernes, fontaines et le tout taillé dans la roche!

Après être revenu à cheval jusqu'à l'hôtel, je suis éreinté. Fin de la journée pour moi.
 


 
 
 
Vendredi 16

Transfert de Petra à Amman, un parcours de près de trois cents kilomètres. Sur le chemin nous visitons Kerak, citadelle croisée en ruine mais tout de même impressionnante. Déjeuner à Kerak puis départ pour Machéronte, forteresse où Jean Baptiste eut la tête coupée, ensuite nous passons par le mont Nébo d'où Moïse vit la Terre promise.

Le temps est brumeux et c'est à peine si l'on peut distinguer la mer morte. Par temps clair, Jéricho et Jérusalem devraient être visibles.

Le paysage est assez désertique entre Petra et Kerak mais depuis la citadelle, nous traversons une partie du grenier de la Jordanie, fertile et moutonneuse, coupée en un endroit par une grande vallée (wadi al Mawjib) de plusieurs kilomètres de large et profonde de quelques centaines de mètres.
 


 
 
 
Samedi 17

Visite du nord de la Jordanie avec les ruines d'Umm Qeis et son amphithéâtre. On surplombe le lac de Tibériade et le Golan (annexé par les Israéliens).

La route d'Amman à Umm Qeis nous fait longer le Jourdain. La région est très fertile, une rivière du nord du pays ayant été déviée uniquement pour l'irrigation de cette région et un canal a été construit pour la distribution. 

Nous revenons par les hauts plateaux jordaniens évitant les nombreux points de contrôle que nous avons dû franchir en longeant le Jourdain qui marque aussi la frontière Israélienne.

Le soir, René, Yamilé et moi visitons le centre ville d'Amman et son amphithéâtre qui est fermé. Mais un gardien l'ouvre pour nous. Amphi by night, c'est magique. On repère un bar à glace, la civilisation occidentale se rapproche! Retour à l'hôtel dans un taxi un peu moins pourri que celui utilisé à l'aller. 
 


 
 
 
Dimanche 18

Visite de Jerash, ville romaine de la décapole, excellemment restaurée, avec ses deux amphithéâtres. Le cardo maximum (grande rue) est entièrement bordé de colonnes sur une distance d'environ un kilomètre et débouche sur une place elliptique, elle aussi entourée de colonnes.

Plusieurs temples, églises et cathédrales ont été construits sur ce site et beaucoup de vestiges sont apparents grâce aux efforts colossaux de restauration. Une fontaine des Nymphes et son jeu d'eau est presque complète: il ne manque que les Nymphes et l'eau. :-)

De retour à Amman, nous visitons les restes de la citadelle (quelques pierres) ainsi que le musée archéologique qui abrite les rouleaux de cuivre de la mer Morte.

Nouvelle virée chez le marchand de glaces "Jabri".
 


 
 
 
Lundi 19

Nous quittons Amman et la Jordanie pour Israël en traversant le fameux pont Allenby, passerelle de quelques mètres de long sur le Jourdain. De l'autre coté, le complexe douanier israélien nous accueil très administrativement.

Arrivée en milieu de matinée à Jéricho où nous visitons un tell (colline artificielle) au sein duquel se trouve une tour de huit mètres de diamètre et huit de haut, de plus de huit mille (8000) ans d'âge! Oliver nous entretient sur les divinités matriarcales qui avaient le dessus à cette époque.

Une surprise nous attend. Le car nous emmène au nord du pays sur le bord du lac de Tibériade. Nous prenons un bateau pour une traversée d'est en ouest du lac. Nous arrivons à un kibboutz, Ginnosar, qui fait office de complexe balnéaire. Le contraste entre l'Egypte et la Jordanie était déjà marquant, celui entre la Jordanie et Israël l'est encore plus. Les variations de richesses matérielles dans un territoire aussi petit est stupéfiant. Ceci me mène à quelques réflexions sur ce qu'une bonne dose de travail d'équipe efficacement organisé, favorisé par quelques généreux donateurs, peut produire. 

Nous profitons donc de nous reposer grassement dans l'opulence et la richesse au bord du lac.
 


 
 
 
Mardi 20

Au nord du kibboutz et du lac se trouvent Capernaum où se trouve la maison présumée de Pierre par dessus laquelle, sur des pilotis de béton, a été construite une église en forme de soucoupe volante octogonale qui ne laisse pas indifférent! Tout proche, le mont des Béatitudes a aussi été considérablement aménagé. Nous rejoignons ensuite la grande bleue afin de visiter l'amphithéâtre de Césarée Maritime. Nous terminons la journée dans un hôtel du quartier arabe de Jérusalem.
 


 
 
 
Mercredi 21

Nous abordons la visite de ce lieu très spécial qu'est Jérusalem par le mont des oliviers (avec vue sur l'esplanade du temple) et passons par le jardin de Gethsémanée. 

Une constante que nous retrouverons lors de la visite de presque tous les lieux saints est l'appropriation par l'une des nombreuses dénominations chrétiennes, juives ou arabes de la présumée relique ou symbole que représente ce lieu. De plus ces dénominations s'efforcent de matérialiser ces symboles et idées en surchargeant le lieu d'icônes, de statues, de dessins et autres babioles de toutes sortes, les arabes restant sobres, car ils  ne font que dans le géométrique.

Ayant contourné la vielle ville (en car) nous entrons par la porte de Damas et pénétrons de plein pied dans les souks. L'animation y est forte et les marchands de tout poil envahissent les ruelles et les échoppes. Nous parcourons le soi-disant chemin de croix et ses treize stations. Nous aboutissons au Saint Sépulcre, recouvert d'une énorme église que s'arrachent une demi-douzaine d'ordres chrétiens...où est passé l'esprit ?

Nous sommes accueillis chez des soeurs maronites pour le déjeuner, et l'après-midi est passé à admirer une maquette de taille (dix mètres sur vingt) représentant la Jérusalem du temps du roi Hérode. Nous avons aussi l'opportunité d'examiner quelques rouleaux de la mer morte, exposés au musée du livre.

Le soir c'est l'occasion de voir l'envers du décor: Nous parcourons une des rues piétonnes de la nouvelle Jérusalem, quartier animé et jeune. En pleine semaine et tard dans la nuit, ce quartier  noir de monde est "patrouillé par la milice armée jusqu'aux dents, défilant quatre à quatre" (citation de Coluche :-).   Les magasins restent ouverts jusqu'à près de minuit.

Mais ce qui frappe le plus, c'est de voir certains jeunes gens (garçons et filles), âgés d'une vingtaine d'années, se promener avec un fusil d'assaut en bandoulière! J'apprends par la suite que les personnes faisant leur service militaire mais étant en permission, ont l'obligation de porter leur arme.

Pour notre part, nous avons une excellente adresse: les glaces Carvelle.
 


 
 
 
Jeudi 22

Entrant à Jérusalem  par la porte de Sion, celle-ci montre les traces d'un criblage intensif qui date de l'époque où les soldats jordaniens étaient implantés en Cisjordanie et avaient comme activité favorite de tirer sur les murs de Jérusalem. 

Le mur des lamentations est un fragment de la gigantesque enceinte du temple d'Hérode. La terrasse qui se trouve à son pied est divisée en deux: à gauche pour les hommes et à droite pour les femmes. L'endroit est sacré et est quasiment utilisé comme une synagogue à ciel ouvert, ce qui nous permet d'assister à quelques uns des rites juifs, sans pour autant les comprendre.

Le style de la mosquée El-Aqsa et du Dôme du Rocher tranche franchement avec celui des juifs et chrétiens. Absence d'art iconique mais décoration complexe basée sur la géometrie et l'écriture. Le rocher sous le dôme représente pour l'Islam le centre du monde: c'est à cet  endroit que Mahomet quitta ce monde sur un cheval.

Les autres lieux visités sont la piscine de Bethésda, l'église Ste Anne, Le musée de la tour de David où se trouve un excellent panorama historique et le jardin du tombeau.

L'après-midi est passé à parcourir les souks de la vieille ville dans tous les sens jusqu'à que j'en trouve la sortie. :-)


 
 
 
Vendredi 23

Nous partons pour l'aéroport de Tel-Aviv à une heure indue, car les formalités et surtout le contrôle des bagages peut être long. Nous sommes effectivement assaillis de questions mais finalement tout le groupe est autorisé à prendre l'avion. 

Je rentre en Suisse épuisé mais riche d'expériences.