Xcapades
RMC 1998
Texte & Photos © Gregory Darmon
Yves sur fond de dunes
Xapadines
Mon deuxième raid en Tunisie s'est préparé et fait entre copains: trois 4x4 (Pilotes: JR, Pierre & Phil, Co-pilotes: Avelyne, Gabrielle, Carole & Matt) et 4 motos (Dominique, Yves, Patrick & moi).

Le parcours (image: 170k) sera plus long que le premiers (+4 jours) dans le but de bouffer plus de sable et plus au sud.  On a prévu 4 jours en autonomie total.

Cliquez sur les vignettes pour obtenir les grands formats (max 80k).
 

[Samedi 19, Genève - Tunis]

Levé à 6 heures du mat. C’est le jour du départ! Yves se rend compte qu’il doit encore souder les pattes du sabot moteur de sa XR... qui est déjà chargé sur la remorque !

Sur la routeuh-routeLes 3 Toyota Land-Cruiser et la remorque chargée de 4 motos (1 DR600, 1 XR600 et 2 XR400) partent quand même à l’heure prévue pour le port de Gênes, 400 bornes d’autoroute via le tunnel du Mont-Blanc. Phil profite que nous soyons à l’heure au port (c’est à dire 3 heures avant l’embarquement) pour tomber en panne de gasoil à l’entrée du port.

A l’entrée du débarcadère, l’employé nous fait remarquer qu’il nous manque un billet pour une des motos. C’est la galère, la première, pour obtenir un billet supplémentaire, vu que c’est la foire d’empoigne devant le seul guichet ouvert... Pendant que Carole et Matt patientent pour obtenir le billet manquant et que Gabrielle fait la queue pour faire tamponner les fiches de sortie de la police italienne, Dominique s’occupe de stationner la remorque au garage du débarcadère: les motos feront la traversée individuellement.

4x4, motos & scoot !L’aire d’embarquement est impressionnant à voir entre les Tunisiens rentrant chez eux, leurs voitures chargées bien au delà des limites constructeur, les 4x4 équipés pour les raids et les motos (surtout à plaques allemandes) dont le volume de bagages rivalise (proportionnellement) avec celui des voitures tunisiennes.

Finalement, avec une heure de  retard, le ferry s’ébranle. A bord, Yves s’occupe de nous obtenir les tampons d’entrée tunisien et les autorisations provisoire de circulation. Ceci nous évitera de devoir courir après une fois arrivé à Tunis.
 

[Dimanche 20, Tunis - Kairouan]

Une fois débarqué et après 24 heures de traversée, il nous faudra tout de même 2 heures pour sortir de la douane, le temps que les douaniers vérifient les papiers de tout le monde. A la sortie du port, on fait le plein des 4x4, des moto, des jerrycans d’essence et d’eau, puis on prend l’autoroute pour Kairouan. On quitte l’autoroute à Sidi Bou Ali et on s’arrête dans le premier bistro venu. Pour 3 dinars par personne, on se fait un repas complet. 

Pierre, Yves et Phil au petit matinEnsuite on se pose dans un verger pour dormir à la belle étoile. Ca fait à peine un quart d’heure que l’on s’est installé que le fermier du coin nous invite chez lui pour dîner. Comme on vient de manger et que l’on s’apprête a dormir, on décline l’invitation, mais il insiste alors on accepte de prendre le café chez lui le lendemain matin...
 

[Lundi 21, Kairouan - El Hamma ]

Cinq heures du mat ! C’est à cette heure là, avant l’aube - Ramadan oblige - que le fermier nous réveil pour que l’on vienne chez lui prendre le café et du pain tunisien. Après quelques galettes, du café, un fond d’huile d’olive dans une bouteille plastique  et quelques dinars échangés, on part pour Kairouan, à quelques kilomètres de là.

A Kairouan, on fait le plein de victuailles (fruits, légumes &  pains), puis direction Matmata par les pistes du pays. Beaucoup de pistes ont été goudronnées dans cette partie du pays depuis ma dernière visite qui  remonte à dix mois. 

Sur un tronçon de bitume droit, le vent souffle fortement en travers de la route en emportant du sable. Ce n’est pas encore une tempête, mais c’est tout de même impressionnant! Vers 17h00 on pose le camps dans le fond d’un oued, plus ou moins à l’abri du vent. Pendant que certains montent la tente, JR tente de réparer la fuite d’huile de sa direction assistée...
 

[Mardi 22, El Hamma - Tataouine]

Après un réveil plus tardif que le jour précédant, on se rend à la ville la plus proche pour réparer la fuite de la direction de JR. En moins d’une heure, on est reparti... mais pas pour longtemps: dans une saignée, JR casse un arbre de roue qui l’oblige à rouler en 2x4 et lui impose un rayon de braquage limité. On passe par Matmata  et ensuite JR procède à la réparation de son Toy. Comme c’est une pièce qui casse régulièrement lors de gros effort terrain, JR en a pris un certain nombre en réserve.

Dans la pampaNous arrivons finalement à Tataouine, mais le gouvernorat est déjà fermé. Il faudra patienter jusqu’au lendemain afin d’obtenir les autorisations nécessaires pour pouvoir poursuivre le voyage plus au sud et dans le Sahara Tunisien.

Nuit à l’hôtel et bonne douche chaude bien méritée...
 

[Mercredi 23, Tataouine - Borj Bourghiba]

Il étati une fois dans l'ouestPendant que Carole, Matt, Dom et Pierre font le ravitaillement (il faut que l’on puisse tenir 3 jours en autonomie totale) et vont chercher les autorisations, les motards nettoient les filtres à air et les toyotistes bricolent. Sur le coup de Midi, nous partons enfin pour le grand sud. Après quelques pistes bien tortueuses on arrive sur la piste qui mène à Borj-Bourguiba: C’est du gaz-tout-droit, ce qui fait que, évidement, je me prend le seul gauche-droite sur 30 bornes... tout droit. Mais  je ne suis pas le seul à l’avoir fait...

Sur la route de Borj-BourghuibaArrivée en fin de journée à Borj-bourguiba. Pendant que Patrick fait le guignol en jouant au foot avec les gamins du village, un militaire vérifie notre autorisation et nos passeports. Une demi-heure plus tard, nous continuons notre route et dès que nous sommes hors de vue du village, nous posons le camp. Au menu ce soir: risotto.
 

[Jeudi 24, Borj Bourghiba - El Borma]

Bivouac au petit matinEn quittant le camp, JR s’enlise dans le seul tas de sable du coin: Ca promet pour les jours suivants! Nous rejoignons rapidement la grande piste qui mène à El Borma. La piste est suffisamment large pour que deux camions se croisent sans soucis et elle est régulièrement entretenue. D’ailleurs nous croisons un ratrack des sables qui dame la piste. Il ne manque plus que le goudron.

C'est encore loin ?A quelques dizaines de kilomètres de El Borma le paysage change radicalement. De plaine aride et caillouteuse nous passons dans un paysage de dunes et de reliefs marqués: C’est pour ça que nous sommes venus !

Arrivé à la base pétrolière de El Borma, double contrôle de notre autorisation et de nos passeports qui seront retenus le temps que l’on fasse le plein d’essence et d’eau. L’essence et le gasoil est environ 30% plus cher qu’ailleurs. De plus il faut d’abord se rendre à l’administration voisine pour acheter des bons d’essence, le pompiste n’acceptant pas d’argent, organisation militaire oblige.

Nous récupérons nos passeports en sortant de la base et revenons sur nos pas sur quelques bornes puis on quitte la piste, direction plein nord: les premières dunes nous attendent. Objectif: le puits de Bir Aouine a 77km au nord.

Pierre à l'attaqueOn pic-nic sur la pelouse et après un petit briefing où l’on se répète quelques conseils de sécurité et de pilotage (je suis le seul à avoir “fait” du sable auparavant), c’est avec plaisir que je retrouve les dunes. Par contre, pour Patrick et sa DR600, c’est plutôt le calvaire. Dom et Yves sur leurs XR s’en sortent bien et semblent apprécier la nature du terrain.

JR & Phil en descente rapideDu côté des Toyota, JR et Pierre, avec leurs expériences du trial 4x4 avancent régulièrement mais Phil à de la peine à doser correctement ses efforts. Résultat: cet après-midi là nous n’avancerons que de 9 bornes en direction de Bir Aouine. Il en reste 68....

3 XR au petit matin, selles givrées!Dans une vallée, nous montons le bivouac au milieu des dunes éclairées par un croissant de lune naissant... C’est magique.
 

[Vendredi 25, les dunes]

L'ombre du GNous espérions que “l’entrainement” du jour précédent nous fasse avancer plus vite, Mais bien que JR, Dom, Yves et moi avançons rapidement et que Pierre est de plus en plus à l’aise, Phil et surtout Patrick en chient. Le sable est porteur mais le relief est marqué et nous passons de vallée en vallée en franchissant des cordons de dunes qui s’élèvent à quelques 300 mètres d’altitude.

La trace du GAprès quelques heures, Patrick se déclare K.O. Yves prend la DR de Patrick, et Matt, motard de réserve qui chauffait jusqu’à maintenant la banquette arrière du Toy de Pierre, prend la XR de Yves: C’est son baptême du sable. Quelques heures plus tard, Yves jure qu’il jettera la DR dans le premier ravin qu’il trouve. 

Le Dom en actionLors de la tentative de passage d’un col de sable, Phil et Pierre renoncent à le passer et le groupe se retrouve séparé. C’est pas très malin, mais grâce à la radio et au GPS, nous restons en contact mais il nous faudra encore une bonne heure avant de pouvoir se retrouver. Il est près de 14 heures et nous décidons de renoncer à rejoindre Bir Aouine: il y a encore 62 kilomètre à parcourir. De notre position le plus court pour sortir des dunes est de faire demi-tour. 

Matt nargue PhilOn fait une rotation des motos car Yves ne supporte plus la DR et Patrick n’a pas encore récupéré. Je me retrouve au guidon de la DR qu’on a finalement surnommé le “Titanic”: La tenue dans un dévers est quasi nulle, le mise en virage demande une certaine anticipation vu le délai de réaction de l’engin, la deuxième est trop longue donc inutilisable, bref le naufrage est assuré!

En fin de journée nous nous retrouvons dans les parages du bivouac précédant. Je suis épuisé par la DR et comme Yves, je suis prêt à l’abandonner au premier gouffre venu. Mais une fois le bivouac installé, le feu allumé (même au milieu des dunes, il y a du bois) et un bon repas, il fait bon être ici....
 

[Samedi 26, les dunes - Ksar Ghilane]

Levé de soleil sur XRIl a encore gelé durant la nuit et les selles des motos sont couvertes d’une fine pellicule de glace, comme quoi non seulement il fait froid dans le désert mais en plus il y a de l’humidité. 

XR CountryPatrick reprend sa moto et Matt son rôle de chauffe banquette. La vitesse de progression est à peine plus rapide et Pierre profite pour casser un arbre de roue mais avant midi on est de retour sur la piste de El Borma à destination de la palmeraie de Ksar Ghilane. Au menu, plus de 160 bornes de piste rapide et si les Toy n’avaient pas crevé une demi-douzaine de fois, nous serions arrivés de jour.... Les pistes ensablée de nuit avec un éclairage inefficace, c’est pas génial!

YvesLes tentes permanentes (style berbère) de Ksar Ghilane sont les bienvenues ainsi que les douches....
 

[Dimanche 27, Ksar Ghilane - Tembaine]

Ksar GhilaneNous passons la matinée à réparer dix pneus, faire de la maintenance sur les Toys et les motos et discuter avec d’autres touristes qui tournent dans la région. Après la visite de la palmeraie (et sa source d’eau chaude) et les ruines du fort voisin, nous continuons en direction du Tembain, un mont dans les dunes au sud de Douz. 

Brume au petit matinLe terrain alterne entre de la piste, de la piste ensablée et de petites dunes. A la fin de la journée, passage du dernier cordon de dune du périple: Pierre se plante ainsi que JR et Phil qui avaient fait demi-tour pour lui venir en aide. Le soleil se couche avant que tout le monde soit réunis au bivouac.
 

[Lundi 28, Tembaine - El Faouar]

DominiqueArrivé en milieu de journée à Douz, la première ville en 4 jour. Après un copieux repas dans un bistro local, nous faisons le plein de bouffe, d’eau et d’essence. Pierre craque et achète de l’agneau... Ce soir grillades! Nous entamons le contour du Chott el Djerid par l’ouest. La première partie est surtout constituée de bitume. A quelques bornes de El Faouar, nous posons le camps. Au loin un forage pétrolier flambe et embrase la nuit.

[Mardi 29, El Faouar - Chebika]

Dromadaires à l'eauNous avons définitivement quitter les zones sableuses du sud. Les pistes droites, rapides, rocailleuses et par endroit défoncées nous font avancer rapidement. En début d’après-midi, après quelques crevaisons supplémentaires, nous rejoignons Tozeur au nord du Chott, puis nous nous rendons à Chebika, une Oasis de montagne avant de repartir en direction de Gafsa.
 

[Mecredi 30, Chebika - Sousse]

Dernier jour de piste entre Gafsa et Sbeitla qui passe trop rapidement. En fin de journée nous décidons d’aller manger un couscous à... Sousse à 170 bornes de Sbeitla, sur la côte méditerranéenne. Le resto n’est pas génial mais la douche chaude à l’hôtel est appréciable...
 

[Jeudi 31, Sousse - Tunis]

Souk à SousseAprès une grasse matinée, le reste du matin est passé à flâner dans le souk de Sousse et ses petites ruelles étriquées. En début d’après-midi nous remontons sur Tunis. Nous logerons au coeur de la Médina (vielle ville). Le soir nous avons de la peine à trouver un resto, à cause du Ramadan. Pour un soir de réveillon, la ville semble morte.
 

[Vendredi 1er, Tunis - Gênes]

Matt, les XR et la merMauvaise surprise: 2 des 3 Toys ont eu une vitre brisée et certaines affaires que l’on y avait laissé ont été fauchées... Dommage de finir ce voyage par une fausse note !

Je quitte la Tunisie avec du sable plein la tête ( au propre et au figuré !) avec la promesse que l’Afrique me reverra...